Bonjour,
Vous trouverez ci dessous les résumes des deux communications du wébinaire GIE GDCH du 21 octobre.
GROUPE D’INTERET ET D’ETUDE - GESTION DE LA DOULEUR CHRONIQUE (GIE-GDCH) - AFTCC
Webinaire « Gestion de la douleur chronique - Les avancées »
Vendredi 21 Octobre 2022 - 18h00 - 20h00
Le dysfonctionnement cognitif du syndrome fibromyalgique
Sophie Baudic, PhD/HDR, Psychologue, Neuropsychologue
Résumé
Les études concernant le dysfonctionnement cognitif des patients atteints de fibromyalgie distinguent les difficultés cognitives, évaluées par les tests neuropsychologiques, de la plainte cognitive, définie par le patient comme le sentiment ou la perception d’une diminution des compétences cognitives dans les activités de la vie quotidienne. Les scores des auto-questionnaires de plainte sont faiblement corrélés à la performance réalisée aux tests neuropsychologiques (Gelonch et al 2017).
La difficulté des patients à évaluer leurs déficits cognitifs de manière appropriée, l’aspect restrictif des tests neuropsychologiques par rapport aux questionnaires qui évaluent différents aspects de la vie quotidienne ou encore un manque d’opérationnalité de la définition de certains items expliquent en partie ce constat (Tésio et al 2015).
Le déficit cognitif des patients atteints de fibromyalgie concerne plusieurs domaines tels que la mémoire à court et long terme, les capacités d’attention et de concentration.
Les patients présentent une forte sensibilité aux distractions interférentes qui viennent interrompre le traitement de la tâche en cours. Les études font également référence à une lenteur aux tâches devant être réalisées en un temps limité et plus récemment à une atteinte des fonctions exécutives : mise à jour de la mémoire de travail, processus d’inhibition, flexibilité cognitive (Bell et al 2018), de la planification et de la résolution de problèmes (Munos Ladron de Guevara et al 2022).Les effets de la douleur et des comorbidités sur le fonctionnement cognitif sont importants (Munos Ladron de Guevara et al 2022).
A ce jour, il n’y a peu d’informations concernant l’évolution des troubles cognitifs à long terme. Les futures études, notamment longitudinales devront s’intéresser à cette question et déterminer la nécessité de mettre en place des programmes de rééducation cognitive pour améliorer le fonctionnement cognitif de ces patients.
Références bibliographiques
Gelonch O, Garolera M, Valls J, Rossello L, Pifarré J. Cognitive complaints in women with fibromyalgia: Are they due to depression or to objective cognitive dysfunction? J Clin Exp Neuropsychol. 2017;39(10):1013-1025.
Tesio V, Torta DME, Colonna F, Leombruni P, Ghiggia A, Fusaro E, Geminiani G, Torta R, Castelli L. Are fibromyalgia patients cognitively impaired? Objective and subjective neuropsychological evidence. Arthritis Care Res (Hoboken). 2015;67(1):143-50.
Bell T, Trost Z, Buelow MT, Clay O, Younger J, Moore D, Crowe M. Meta-Analysis of cognitive performance in fibromyalgia. J Clin Ex Neuropsychol. 2018;40(7):698-714
Munoz Ladron de Guevara C, Reyes Del Paso GA, Fernandez Serrano MJ, Montoro CI. Fibromyalgia syndrome and cognitive decline: the role of body mass index and clinical symptoms. J Clin Med. 2022;11(22)3404.
Inserm (dir.). Fibromyalgie. Collection Expertise collective. Montrouge : EDP Sciences, 2020. XIV-883 p. -http://hdl.handle.net/10608/10632
GROUPE D’INTERET ET D’ETUDE - GESTION DE LA DOULEUR CHRONIQUE (GIE-GDCH) - AFTCC
Webinaire « Gestion de la douleur chronique - Les avancées »
Vendredi 21 Octobre 2022 - 18h00 - 20h00
Interventions basées sur la compassion
Franck Henry, Psychologue
Résumé
Kristen Neff (2003) définit l'auto-compassion (ou bienveillance envers soi-même) comme " une qualité consistant à être touché par sa propre souffrance et à chercher à s'impliquer dans la réduction de ses propres difficultés ". L'auto-compassion a trois facettes : un regard porté sur soi avec gentillesse (antagoniste à l'autocritique), une pleine conscience du moment présent (pas seulement focalisé sur la souffrance), et un sentiment d'appartenance à l'humanité qui permet de ne pas se sentir différent des autres et isolé du reste de l'humanité à cause de sa souffrance.
A ce jour, plusieurs résultats d’études suggèrent que plus la capacité à prendre soin de soi est grande, plus le niveau de bien-être psychologique qui en résulte est élevé et plus la probabilité que les capacités de résilience observées après un stress soient optimales (Zessin & al., 2015). L'auto-compassion aide à faire face aux maladies chroniques en facilitant la régulation des émotions négatives, la gestion du stress et l'adoption de comportements favorables à la santé (Sirois & al., 2015 ; Homan & Sirois, 2017).
Au cours de ce webinar, nous développerons les bienfaits aujourd’hui connus de l’auto-compassion sur la santé psychologique et somatique, en particulier chez les personnes souffrant de douleurs chroniques. Nous présenterons le modèle théorique de Paul Gilbert (2006) sous-tendant un entraînement à l’auto-compassion et proposerons, notamment, des liens avec le modèle peur-douleur-évitement (Vlaeyen & Linton, 2000). À partir des données de la littérature et de notre expérience clinique, nous aborderons les bienfaits à attendre de ces interventions auprès de cette population (Aguerre & Henry, 2022), quand et comment les intégrer aux autres interventions cognitivo-comportementales centrées sur la gestion de la douleur chronique (Henry & Aguerre, 2023).
Nous terminerons ce webinar par une discussion de leurs limites potentielles auprès des personnes douloureuses souffrant également de troubles de la personnalité et/ou d’états de stress post-traumatiques. L’expérimentation d’une pratique d’auto-compassion basée sur la pleine conscience viendra clôturer ce webinar.
Références bibliographiques
Neff, K. D. (2003). Self-compassion: an alternative conceptualization of a healthy attitude toward oneself. Self & Identity, 2(2), 85-101.
Zessin, U., Dickhäuser, O., & Garbade, S. (2015). The relationship between self-compassion and well-being: a meta-analysis. Applied psychology: health and well-being, 7(3), 340-364.
Sirois, F. M. (2015). A self-regulation resource model of self-compassion and health behavior intentions in emerging adults. Preventive Medicine Reports, 2, 218-222.
Sirois, F. M., Kitner, R., & Hirsch, J. K. (2015). Self-compassion, affect, and health-promoting behaviors. Health Psychology, 34(6), 661.
Sirois, F. M., Molnar, D. S., & Hirsch, J. K. (2015). Self-compassion, stress, and coping in the context of chronic illness. Self & Identity, 14(3), 334-347.
Homan, K., & Sirois, F. (2017). Self-compassion and physical health: exploring the roles of perceived stress and health-promoting behaviors. Health Psychology Open, 4(2), 1-9.
Gilbert, P., & Procter, S. (2006). Compassionate mind training for people with high shame and self-criticism: overview and pilot study of a group therapy approach. Clinical Psychology & Psychotherapy, 13(6), 353-379.
Vlaeyen, J.W., & Linton, S.J. (2000). Fear-avoidance and its consequences in chronic musculoskeletal pain: A state of the art. Pain, 85, 317–332.
Aguerre, C., Henry, F. (2022). L’auto-compassion : une ressource psychologique aidant à mieux vivre avec des douleurs chroniques. C. Aguerre; G. Chasseigne. Diversité et actualité de la psychologie positive, Éditions Complicités Universitaires, Psychologie et Vie Quotidienne. ⟨hal-03286672⟩.
Henry, F., Aguerre, C. (2023, à paraitre). Découvrir et développer ses ressources en auto-compassion. In : Baeza-Velasco C., Bungener, C. Mieux vivre avec la douleur chronique : un programme intégratif en 12 séances (pp XX-XX), De Boeck Supérieur.
Henry, F., Aguerre, C. (2023, à paraitre). Découvrir et développer mes ressources en auto-compassion. In : Baeza-Velasco, C., Bungener, C. Mieux vivre avec la douleur chronique : mon cahier d’accompagnement (pp XX-XX), De Boeck Supérieur.
Espérant vous compter nombreux ce vendredi 21.
Le GIE Gestion de la douleur chronique.
Contact: gie.gdch@gmail.com